PARTAZ

Se retrouver pour partager des gouttes de sueur, des émotions, des moments de douleur et de plaisir, des joies et aussi quelques peines. Quel que soit le niveau de chacun, utilisez ce blog comme bon vous semble pour proposer, soulager, blaguer, et surtout partager. Et n'oublions jamais que le trail c'est comme la vie après les bas il y a les hauts ... (confusius, je crois...)

samedi 30 octobre 2010

trail de bourbon 2010... cr de xav

ENFIN
23/10/2010
5 heures 30, Cilaosa, encerclés de crêtes enrhumées, nous sommes appelés pour le contrôle matériel puis la douche électronique. 1500 personnes défilent en 3/4 heure, vite fait, bien fait. Certains partent très légers, d’autres se rassurent avec des sacs plus conséquents. La journée s’annonce belle. Les rayons de lumière éclairent le col … pour nous, dans 2 heures. C’est la ruée vers la ligne de départ.

6h, sur la droite, 2 rangs devant, notre star TMTTiste n’entend plus rien, écouteurs collés dans les oreilles...la dernière fois que je le vois. Le bitume est là pour quelques kilomètres. Mon cardio a du mal à se réveiller. Je pars au feeling en décidant d’y aller doucement…la montée du piton des neiges n’est que l’apéro…et puis là haut, avec l’altitude…un des maillons faibles de mes trails…
0h23 de course, le bloc : 5’ de gentille guéguerre pour se mettre en file indienne. Ça rappelle le cross du piton en avril… on monte trop tranquillement à mon goût mais je me résonne…la haut, pour moi, ce sera une autre paire de manches. Il fait froid,, je me surprends à penser, vivement le col pour retrouver le soleil…
2h06 pointage au gîte, 5’ d’attente pour être scanné… 1km de plat nous attend avant la longue descente.. je me refuse à courir. .trop peur des vertiges…enfin la descente, sauvé pour l’instant. Pour préserver ma cheville droite, je me décide à prendre presque systématiquement appui sur chaque marche avec mon pied gauche. Je prends un très petit rythme, des fusées me dépassent…cap anglais, la découverte pour moi. Le cirque de Salazie s’offre à mes yeux. Le multicolore village d’Helbourg nous attend. Le terrain est sec…L’air commence à être plus lourd, chargé en oxygène, je recharge les batteries.
Un petit plateau, une petite forêt, des petites racines et tout à coup…un début de crampe à l’ischio gauche, près du genou..je comprends tout de suite ! quel C.. !! En préservant la cheville droite, j’ai usé la jambe gauche, quelle erreur de débutant…Quel étirement dans ce cas là ? aucune idée..je m’arrête, je marche doucement…la guigne, encore la guigne me dis je...J’aurai au moins vu Helbourg ! La si douce ambiance du ravito nous attend … Je me dis que peut être dans la longue montée vers Mafate je pourrais récupérer, je doute !
Arrivée à Helboug, changement de chaussettes, pommade, ravito rapide. Je regarde mon classement, 485 ! Je n’en reviens pas ! Je n’y crois pas, je m’imaginais comme d’hab après la première moitié…classement vétéran certainement ! Non, même pas ! Je refuse d’y croire. Je ne peux plus abandonner, pas comme ça. Retour sur la route et les sentiers…Je guette les marches, le pire pour la crampe…Il y en a si peu…Je n’y crois pas…Ca monte raide, ça descend raide parfois mais si peu de marches…
11h du mat, la chaleur nous assaille…certains soufflent énormément, d’autres s’arrêtent dans la poussière. Au fur et à mesure de l’ascension, le paysage change, il devient verdoyant, magnifique…le ravito du sentier Scout se profile…Je commence à être rassuré, la douleur s’estompe, je suis bien…Je décide, avant d’entamer la descente vers Aurère, de faire un tour à l’infirmerie. Baume chauffant sur la crampe. Je me lève, l’infirmière me désigne l’endroit où rendre le dossard, elle n’a pas compris… Non, non ! Je continue…Je suis rapidement seul, étonnamment seul, en deux heures je dépasserai ou serai dépassé par une dizaine de personnes…Je n’en reviens pas et n’arrive pas à imaginer que la majorité des coureurs est derrière…c’est une première pour moi…je n’y crois pas…c’est alors beaucoup plus facile, dans sa tête, de penser qu’il reste 60km. Le fil rouge de ces longues descentes…Fixer le terrain, ne jamais le quitter du regard, cheville oblige.
Aurère et son ambiance unique, celui qui entre dans l’école est tout autant applaudi que celui qui en sort. Pour ma part, je décide de faire un lifting des cuisses…Elles commencent à chauffer…Je préfère les faire masser là, car à Deux Bras, avec les grands raideurs, ce sera la cohue…Une fois retapé, 500 mg de paracétamol dans le gosier, je reprends la route.
On the road again…Le sable de deux bras est là, photos, ravitos, lunettes, chaussettes, c’est reparti pour la montée de dos d’âne…j’oublie enfin ma crampe. Après une sage montée, je retrouve le petit chemin étroit qui conduit à la gloire, petit chemin qui se termine par cinq marches en béton pour atteindre la route, dans la nuit éclairée et bruyante, ambiance tour de France dont nous sommes les éphémères acteurs. Dos d’âne passé, direction la Possession…Là encore, longue descente, route – sentiers – piste. Je rattrape un gars qui, lorsque j’arrive à ses côtés, me dit : « On est déjà passés là » et fait demi tour…Je lui réponds laconiquement… « suis moi » ! … Il obéit comme un automate…la fatigue…Le propre des grands raideurs. Enfin la Possession…Les belles lumières de la côte se profilent, le terrain se fait plus plat…le sable de nouveau là. Dans deux virages, le stade. Sortis de nulle part, François et Agnès…Belle surprise, belle amitié…Aux petits soins avec moi…Toujours le même rituel du ravitaillement : - Coca – eau – banane – fruits – sel – soupe – eau puis plein d’eau et poudre de perlimpinpin. Pieds essuyés, paumadés, départ en marchant accompagné un instant par mes deux dalons puis les pavés…
Long sentier rythmé par le saut des pas sur ces pavés, sonate au clair de lune pour rejoindre la grande Chaloupe…Etonnamment seul…La préposée au service se confie à moi « Il y a beaucoup d’abandons ici ». C’est si difficilement imaginable…Il ne reste que 18km. Encore seul avec mes pensées pour la montée vers le Colorado…Sonnerie dans la nuit…Je m’y attends, c’est lui…Il vient certainement d’arriver…Il me donne de ses nouvelles, des autres TMTtistes, et me briffe pour le reste de la montée…Je suis bien mais par précaution je n’accélérerai pas et avalerai mon deuxième gel de la course au bas de la monté finale…Ca passe finalement vite, jonction avec le fameux sentier des années passées du grand raid. J’y suis…
3h du mat, je sais maintenant…dans 1h30 l’arrivée…j’entame cette périlleuse descente (pour moi), une multitude de souvenirs, d’images des années passées, à souffrir des cuisses ici…cette année c’est beaucoup mieux, 100 fois mieux…je repense aux chaises de Phil…ça valait le coup…Enfin le pont, souvenir de mon premier passage ici il y a 4 ans. Enfin aujourd’hui je retrouve ce plaisir.
Si peu de fatigue, je savoure le calme du petit secteur de route, et apprécie d’autant mieux l’arrivée et l’émotion toujours présente de ce quart de piste où l’on est seul pour ce dernier footing sur la terre rouge, les spectateurs et acteurs sur les côtés applaudissant ou relâchant les pieds dans le vert tapis du stade.
4h30, 254 ème enfin pour la première fois, je suis fier de ma course…Il était temps.
ENFIN
xav

6 commentaires:

  1. Bravo mon loulou, moi aussi je suis fier de toi.
    Peut être à l'année prochaine...

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  2. Chapeau champion ... Beaucoup d'émotion pour ceux qui s'y retrouvent et peut être de l'envie pour certains ;-))

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  3. Super Xav! On vit si bien la course que l'on se demande si on aurait pas dû rester à son kaz!

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  4. Avec cheville et ongle neuf, toi aussi rentré le "top 50" tu serais.
    Du Maître te rapprochant.
    Bravo petit scarabée, que la force reste avec toi!

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  5. BRAVO XAV.
    Les dernieres sorties ne présageaient que du bon.
    que du bonheur!!

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  6. chapeau bas xav! bientôt de plus hauts sommets t'attendent!!

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