TMTT

Ouffff ... une période de folie s'achève, le soufflet retombe. Mais les souvenirs prennent de l'ampleur. Concernant le Grand Raid, c'est vraiment une aventure de malade, un voyage intérieur profond, un défi personnel unique.

Quel bonheur de pouvoir partager ça avec mes chéries. Je remercie tout ceux qui m'ont suivi, et qui pendant ou après m'ont apporté leur soutien, ça fait du bien... Pour ceux que ça intéresse, c'était un défi un peu à part cette année ; en effet il me fallait arriver le samedi et dans de bonnes conditions ... je repartais le lendemain matin pour l'Espagne. Et pour cela éviter tous les cailloux et autres pièges imprévus... être concentré pendant .?... heures ! ne pas penser à la ligne d'arrivée, ne pas s'enflammer; J'ai encore compris des trucs et grandi. Parti sans plan de course, ça m'empêche de prendre du plaisir et j'aime pas les contraintes mentales mais avec l'objectif de ralier Marla (presque 110 km) d'une traite pour que Raphaël me remette en forme, pour faire ma nuit de 15' et repartir pour ma 2ème et dernière partie. Le départ fut lent, très lent et pour une fois je dirais trop lent... arrivé à 22h à St Pierre je me retrouve en fond de peloton et ne peut empêcher des bouchons... pas grave, Il faut surtout penser à gérer mon ennemi principal ... mon estomac et son frère l'intestin ! Je les assomme à coup de Fritelles, chips au barbec, jambon, fromage ... no Sugar !! Tout se passe pas trop mal, mais le froid me prend, je me mets dans une bulle, réchauffé quelques instants par mon bébé chérie et une tête connue que je n'espérais pas là, mais marchant tel un zombie obsédé par la bascule vers Cilaos où la descente et l'absence de vent m'apporteront de la chaleur. Dès Textor je gère, je sais que la course sera longue, très longue, dure, très dure et je la veux plaisante jusqu'au bout, j'alterne course et marche rapide et ne force rien, ne "pioche" pas . En plus je ne suis pas sûr d'être dans un bon jour. Je ne pense pas être en tête de course (peut être dans les 500 et pourtant je trouve que ça va vite... j'ai l'impression de perdre des places... ce dont je me moque bien, en soit, mais qui ne me rassure pas sur ma forme !?! Mare à Boue Kerveguen me donnera la même impression, pourtant les flaques n'existent pas, je coupe tout droit, espérant que mes pieds sauront être mes principaux amis encore une fois ! Cilaos tout va bien, Cécile est là, ça fait du bien, mais je ne m'attarde pas elle ne me retient pas, elle sait que Cilaos n'est pas un endroit que j'aime fréquenter trop longtemps (pendant le grand raid -)), il fait jour, il fait beau, les jambes sont là, la course n'en ai qu'au début. Montée tranquille vers le Piton des Neiges, j'ai encore faim et soif... quelle super sensation ! pourvu que ça dur ! La descente vers Bélouve .. un vrai régal... j'apprendrai plus tard que ce fut un calvaire pour beaucoup, je pense que beaucoup sont restés à Cilaos et que le sentier n'est pas encore trop abîmé quand je suis passé. La poursuite vers Hell bourg un peu longue mais très tranquille ... i Je commence à ne plus avoir beaucoup de compagnie, la nuit devrait être solitaire, mais en attendant il fait encore jour, il faut y aller. Pas le temps de faire du tourisme à Hell bourg, 10' et c'est parti pour une longue descente goudronnée et surtout une longue, longue longue montée, interminable ... dans ces cas là je pense à mes potes, j'ai peur pour eux, je sais qu'avec la nuit, la grosse fatigue ça va être le moment le plus dur de la course, j'espère qu'ils vont s'accrocher, qu'ils vont retrouver des forces, mais au fond de moi je suis inquiet ... l'avenir me donnera en partie raison. Les étoiles ne sont que des frontales, il faut continuer de monter pour ensuite basculer et atteindre Raphaël. Je suis bien, très peu affecté par ces 23 h non stop, je suis heureux de le retrouver mais il me prend une crainte ... j'ai peur d'avoir, froid de ne pas réussir à me réchauffer, de ne pas profiter du massage, de m'endormir et de me réveiller fracasse, de perdre du temps ...Mais tout se passe autrement, Raphaël est un MAGICIEN, j'étais pas mal en arrivant, je ressors réchauffé, reposé (15' de sommeil) et NEUF, puis quelques minutes au coin du feu avec la chaleur humaine Mafataise (émotion :'-) ... ils étaient super les 2 potes, peu de mots mais c'était fort ...Merci Raphaël... là la course commence, je me rappelle de 2007 avec mon bro, le cheval, ay i ay o ...en route pour cette nuit que je veux magique ! 3 Roches avalée, Roche Plate engloutie, je passe au Maido direct, à part une petite vidange stomacale lié à une rupture de stock de fritelles, la montée est un bonheur...en arrivant un petit "déjà" sort de ma bouche.Je me dis "j'espère que personne ne m'a entendu, ils vont penser que "je me la pète"" ... en fait je m'attendais à un cable et voyais des lumières dans le fond associées à du bruit, bien plus loin. En tout cas c'est une bonne nouvelle, et j'attaque la descente, c'est long mais, malgré une forêt de plus en plus peuplée de danseuses et de pointeurs de l'organisation à chaque virage ...tout va bien. J'en ai compté plusieurs centaines, de plus les blocs rocheux commencent à bouger tout seul, les voitures aussi tiens !! Quel monde merveilleux ! Le sentier n'est pas dangeureux, le jour se lève, pas de raison de faire une pause dodo, malgré ces hallucinations qui au fond m'apportent des sensations originales et pour tout dire agréables. La suite, c'est la crêpe de Sans soucis ! incroyable je me régale, maintenant je vais pouvoir attaquer ! Ratineau en solo, la kala me voilà ... La Possession, les gens sont émouvants, on sort un peu de nulle part et dans leurs yeux, dans leurs mots , je ressens de belles ondes, les ondes comme seul le sport peuvent en donner, je ne les connais pas mais ils me touchent droit au coeur. J'attaque le chemin des Anglais, j'ai vraiment la forme, je ganbade, il fait chaud mais je n'ai pas peur de transpirer, JE BOIS, je ne regarde toujours pas mon classement, je sais que certaines seraient contentes que j'atteigne un classement symbolique, mais je ne veux pas penser à ça, c'est ma course, le classement est secondaire. Mais bizarrement, un coup d'oeil sur ma montre, m'indique qu'un passage sous les 40 h, est jouable. Dominique m'acceuille à La Grande Chaloupe, je ne m'attarde pas, à tout de suite Dominique...Allez la dernière "ligne droite" Saint Bernard, je me perds, tout est mal indiqué dans ce village ! Bon pour les 40 h on repassera, de toute façon je n'ai comme d'habitude aucune idée du chemin, du parcours qui reste ... ah bin non tient là je reconnais c'est le Colorado, jlaime bien celui là ! allez en route pour une descente de malade, le pointeur a quand même eu le temps de me donner mon classement, grrrr jvoulais pas savoir !! trop tard... jcomprends pourquoi tout le monde traçait et que ça commencait à se regarder de travers ... menfou jmoccupe de personne, sauf de mon bébé qui m'attend et avec qui je fais le plus beau kilomètre de la course. Pour la petite histoire je finis d'abord 111 puis je passe 110. Et en arrivant à la maison je reçois un papier (voir ci dessous), et en fait jvoulais savoir si jpouvais passer aussi de 111 à 110 ?? Siouplait msieur l'agent !! La suite de l'histoire c'est une nuit magique sur la stade, un peu comme si tu dormais sur un stade de foot pendant un grand match, avec des chéries qui m'entourent... et le lendemain c'est l'envol pour l'Espagne pour une semaine divine à Santiago ! Merci à mes filles, mes bijous, merci Monsieur grand Raid, merci à Manat, merci à mon bro toujours là avec moi, merci à mon paps toujours là aussi, merci Lolo, (quel bonheur assis dans l'avion peu avant le décollage de te savoir au Colorado !) merci à Dominique... je ne dis pas à l'année prochaine ... wait and see