PARTAZ

Se retrouver pour partager des gouttes de sueur, des émotions, des moments de douleur et de plaisir, des joies et aussi quelques peines. Quel que soit le niveau de chacun, utilisez ce blog comme bon vous semble pour proposer, soulager, blaguer, et surtout partager. Et n'oublions jamais que le trail c'est comme la vie après les bas il y a les hauts ... (confusius, je crois...)

vendredi 21 octobre 2011

Ces trails qui font mal





Philippe N (Dit Forest gump ou Marathon Man) :
"Trail ou pas trail telle est la question...
Au départ ta fraîcheur physique et mentale te laisse espérer le nirvana..."

Xavier P (dit le jeune campeur)
"Départ.. 6h17 …150 au compteur dans la 1ere montée …mauvaises sensations ou trop rapide ? Les deux probablement…descente mouillée vers la belle et pittoresque Helbourg..."
Philippe V (intestin délicat) 
Chaque course est vraiment une nouvelle page blanche qui se remplira de lettres et de couleurs uniques  tout au long des kilomètres parcourus. Cette année cette aventure d’équipe, commencée plutôt mal avec Laurent qui bloque à Cilaos, se poursuit de Cilaos..."

Laurent M (le laboureur de Bélouve)
"21h15, pour je ne sais pour quelle raison, les coureurs en première ligne sortent de leur torpeur. Tout le monde se lève et se serre au plus près de la ligne de départ. Et après 45 min d'attente debout, le coup de feu est donné.
 Les jours qui ont précédé n'ont pas été de tout repos..."

Les impressions au complet c'est là
Trail ou pas trail telle est la question...
Au départ ta fraîcheur physique et mentale te laisse espérer le nirvana...Au bout de 6 heures de presque pied (dans la boue la plupart du temps) tu t'étioles et ...te voilà à terre KO pour le compte. Il te reste les plaies mais quand même de superbes moments, un lever de soleil sur le Piton des Neiges, la plénitude du coureur de fond, la joie d'avancer comme un presque fou à travers des sentiers défoncés...Et puis surtout il y a eu ces moments à l'entraînement partagés avec Xav et Phil, c'était sympa. J'en profite pour remercier tous les dalons qui se sont occupés de moi sur ce sentier d'îlet à Malheur, le bien nommé, la solidarité des coureurs est rassurante, la compétition ne prend pas le pas sur la détresse pourvu que cela dure....Esprit du trail perdure à jamais!
Philippe
Départ.. 6h17 …150 au compteur dans la 1ere montée …mauvaises sensations ou trop rapide ? Les deux probablement…descente mouillée vers la belle et pittoresque Helbourg. La longue ascension de cette course débute, la fatigue de la montée du Piton des Neiges se confirme. Après 1 heure d’effort, moment de bonheur, plus de douleurs, plus de fatigue, Sting dans les oreilles,  les dépassements s’enchainent, euphorie certainement…terrible euphorie, récompensée après ½ heure par 2 crampes au dessus des 2 genoux..sentier Scout en approche.. les 2 ischio jambiers se réveillent alors que la France vient de gagner, Phil vient de tomber, hélico, craintes, doutes, pourquoi lui, pourquoi nous ici aujour’hui ?…n’aurait on pas mieux à faire ? belle descente sur Aurère, 5  ème crampe…l’extenseur  se manifeste, pourtant encore de l’avance sur l’année passée…satané chrono, épuisant..je le sais trop bien, il ne faudrait pas s’en occuper…. Au bord de l’eau Lolo et Raphaelle, sont le moment de fraicheur et soutien qui fait tant de bien.. massages quel pied ! ceux là au moins ont tenu … les cuisses aussi, un miracle… effet des chaussures, du cuissard  ? En route vers dos d’âne puis plus rien, cambré, plié en 2 pour monter.. 1h40 ..trop long, plus bon… plus d’envie de terminer, Phil a certainement rejoint la cote… trop loin pour moi…j’appelle …Isa Agnès et François ont compris… merci chauffeurs…que la montagne est belle
Chaque course est vraiment une nouvelle page blanche qui se remplira de lettres et de couleurs uniques  tout au long des kilomètres parcourus. Cette année cette aventure d’équipe, commencée plutôt mal avec Laurent qui bloque à Cilaos, se poursuit de Cilaos pour l’ équipe des  « Bourbonnais ».
Pour moi se fût une course marquée par d’énormes satisfactions, quelques déceptions, des inquiétudes, des moments d’amitiés .
Commençons par les satisfactions. Le genou a été parfait du début à la fin … Un peu sur la retenue au début je l’ai oublié ensuite ! Les descentes étaient un plaisir. Le temps couvert sur Salazie me comble de bonheur !
Les déceptions commencent le vendredi soir quand Laurent se fait attendre… je m’attends au stop définitif, rien n’y fera l’impression sera confirmée ; je le comprends bien il faut être sage ! Comme dirait Xavier « la deuxième est souvent la plus dure ! ». Ensuite, pour ma part un peu de déception sur les montées, les cuisses saturent assez vite. La déception de ne pas avoir pu prendre plus de plaisir avec cette nausée permanente qui me gène, me freine. La déception de ne pas avoir fini avec Philippe, scénario dont j’ai rêvé. Déception de savoir Xavier stoppé à Dos d’Ane.
Pour les  inquiétudes il y a d’abord celle de savoir comment le corps va réagir suite à une déshydratation qui s’accentue km après km.  Je ne supporte plus l’eau, ma bouche est sèche, très sèche ! Mais cette inquiétude n’est rien face à celle de voir son pote grogui, sous le choc, puis le savoir dans l’hélico. Un peu con aussi de se demander ensuite où est vraiment ma place…
Les moments d’amitié, de chaleur humaine resteront vraiment la motivation principale pour faire ces trucs de fous. C’est d’abord Cilaos est l’hospitalité et la gentillesse de Raynald et de sa femme. C’est aussi les « potes concurrents » qui partagent les mêmes galères que toi. C’est aussi tous ces spectateurs qui ne te connaissent pas mais qui t’encouragent… une pensée spéciale cette année pour cette arrivée de rock star en solo à la sortie de Dos d’Ane… une ambiance de fou, une bonne centaine  de personne tassées ! la gorge se noue et je crois bien que les yeux se mouillent !
A ce moment Dalila m’accompagne et m’aide à retrouver la pêche physiquement. Une heure de descente ensemble qui me fera du bien. Ensuite il y a bien sûr, MON dalon Lolo et sa Raph. Au petit soin, toujours disponible et généreux.
Enfin, mes chéries et ma zézere,  qui me font avancer vers la Grande Chaloupe puis vers La Redoute. Le Trail de Bourbon 2011 tire sa révérence vive le Grand raid 2012 !

21h15, pour je ne sais quelle raison, les coureurs en première ligne sortent de leur torpeur. Tout le monde se lève et se serre au plus près de la ligne de départ. Et après 45 min d'attente debout, le coup de feu est donné.

Les jours qui ont précédé n'ont pas été de tout repos, et si j'ai un instant hésité à prendre le départ, je suis heureux d'être là, malgré une toux persistante et probablement 10 heures de sommeil en retard... je me doute que ça me compliquera la tâche tôt ou tard, mais pour le moment c'est le plaisir de s'élancer qui domine. Les souvenirs de ma première édition sont encore là, et j'espère y ajouter encore quelques moments de bonheur.

Je ne suis pas très loin derrière les stars féminines, donc pas trop pris dans les bouchons, et j'essaie de prendre un rythme régulier sur le bitume.
1h45 de course en alternance avec un peu de marche quand la pente se durcit un peu, avant d'arriver au premier contrôle au gîte de basse vallée. un verre de coca et en avant dans la montée du volcan. Le rythme n'a rien à voir avec les gros bouchons de l'an dernier. Le premier objectif est donc atteint. S'en suit une montée régulière, sous une lune qui se dévoile petit à petit. Pas de pluie!!! 2ème bonne nouvelle!
La montée se passe bien, quelques coureurs partis trop vite s'arrêtent pour vomir ou dormir, c'est selon. Moi j'avance tranquillement, mais pas hyper facile.

Foc foc arrive avec quelques mares de boue à franchir, rien de bien compliqué. Il fait froid, mais ma veste est efficace, le vent n'est pas trop fort. petit stop au ravitaillement en 5h05 (1h30 de moins qu'en 2010!). J'essaie de courir un peu en direction de la route du volcan, mais ça répond pas très bien. Ceux qui sont avec moi ont un rythme supérieur au mien. Il faut me raisonner pour ne pas chercher à suivre le flot.
Ravitaillement de la plaine des sables, 5h58 de course, toujours 1h30 d'avance, le timing que j'avais prévu. Mais la fatigue est déjà au rdv... je suis un peu inquiet.
Moins de 7h30 de course à Piton Textor pour 40km, 1h45 d'avance! les jambes sont un peu raides au moment d'embrasser Michel qui met une ambiance de folie au ravitaillement. Tout le monde chante! le jour pointe à peine, les sourires sont déjà là. Reste 1h30 pour Mare à Boue.
La longue partie roulante me montre déjà mes limites. Je n'apprécie pas du tout de courir sur le béton. Déjà de la douleur, le plaisir a disparu. J'ai hâte de rejoindre mon assistance de rêve pour me reposer un peu.
Yann arrive à ma rencontre avant la nationale, le sourire revient, mais pas les sensations, je me traîne là où tout le monde trottine en souplesse.
J'arrive au ravitaillement de Mare à Boue en un peu plus de 9h00. 544ème. probablement trop vite au vu de mes capacités du jour. 1h de repos est nécessaire. "massage 4 mains" de Claire et Maryline, encouragements de François, Yann, Pauline, Laurent, Thaïs, Maé, Sophie et Raphaël.
L'heure passe vite et il faut déjà repartir, chaussé de mes dernières HOKA magiques pour faire face aux kms de béton et aux descentes qui m'attendent jusqu'à Cilaos.
40km pour l'atteindre, je me doute qu'il faudra affronter la boue de Bélouve, mais c'est surtout accepter de ne pas pouvoir aller à mon rythme qui me stresse un peu. Encore des rencontres sympas dans cette portion, j'évolue dans un petit groupe, on discute gaiment.
Col de Bébourg sans difficulté. Le sentier de la Rivière est très mouillé et toujours magnifique.
On rentre alors dans le sentier des bois de couleur, la plus grosse partie avant le gîte de Bélouve.
Le sentier est très long, et il va s'avérer interminable car les conditions sont mauvaises, et tout le monde glisse régulièrement en voulant éviter de mettre les pieds dans la boue jusqu'aux chevilles.
Je cherche régulièrement à m'imprégner de la beauté de l'endroit. Les rayons de soleil traversent l'épaisse forêt. Une énergie incroyable se dégage de cette nature. Ca fait un bien fou, malgré les commentaires négatifs de tous mes compères, qui commencent à s'impatienter de ne voir la fin de ce chemin de croix. Je vois certains qui perdent leur contrôle et glissent à chaque pas. J'essaie pour ma part de faire chaque pas en conscience, et d'y laisser le moins d'énergie possible.
On sort enfin du sentier, le ravitaillement qui suit n'a presque plus d'eau, raison supplémentaire pour s'énerver. Pas grave, encore un peu de temps avant le gîte et la descente vers Hell Bourg.
Tout se passe correctement, je me sens mieux dans la descente plus technique.
Arrivée à HellBourg à 13h20. Je me dirige vers les soins pour une douleur aux orteils. Pas grave, une petite protection pour éviter les chocs suffit. mais je prends le temps. Je me sens bien assis sur mon lit de camp. Je ravitaille avant de repartir. Tout de même 1h de pause.
14h20 je sors du stade, sous les nuages, persuadé que la pluie sera au rdv au sommet.
La montée est tranquille jusqu'à la rivière. Ensuite c'est long, dur et mouillé!! c'est le Cap Anglais!
Première fois que je vis cette ascension aussi difficilement. Mal aux jambes, pauses régulières, pertes d'équilibre, glissades... rien de rassurant, car je ne suis pas encore à mi-parcours.
la route vers le gîte du Piton des neiges semble elle aussi interminable. Plus de plaisir du tout depuis des heures, froid. Je suis pressé de rentrer à Cilaos.
Et après? Ca devient une évidence, continuer vers Mafate n'a plus de sens.
Après 3h20 de montée depuis HellBourg, la trêve de la soupe chaude au Piton des neiges ne change rien, je prends du retard sur mes prévisions, je vais avoir besoin de sommeil très vite.  Je m'arrête à la source dans la descente vers Cilaos. Je passe un coup de fil pour prévenir les amis que je ne vais pas tarder. Quelques minutes suffisent pour me rappeler mon hypothermie de l'an dernier. Je tremble de haut en bas. Je repars très vite pour me réchauffer. Malgré une bonne frontale, j'ai bcp de mal à me concentrer avec la nuit qui pointe.
Le moral dans les chaussettes, j'entends les encouragements du Bloc, la descente se termine avec l'accueil de Sylvie et Uhaina, puis Laurent François et Yannick, en mode combat pour affronter la montée du Taïbit avec moi.
Je leur annonce la couleur tout de suite, je ne repartirai pas. Je monterais bien dans la voiture avec eux pour rejoindre Cilaos, mais ils arrivent à me convaincre de continuer jusqu'au stade, François va m'accompagner.
La seule chose qui me motive à courir c'est d'abréger la lassitude. François est la bonne personne pour accepter mon humeur. Je lui ai fait passer une sale demi-heure.
20h00, (22h00 de course, 89km) je pointe à Cilaos.
Sylvie et Benoit nous accueillent chaleureusement dans leur maison à une centaine de mètre du stade. Douche, repas, séance d'étirement magique... mes jambes semblent en bonne forme, je fais comme si j'allais repartir, mais la décision est prise. Les trois compères ont fait la route pour moi, pour rien. C'est la seule chose qui me fait gamberger. Julien Chorrier passe la ligne sur le petit écran. Je suis en savates et en survèt.
Je range les sacs, ou on range les sacs pour moi, je suis en train de sombrer dans le sommeil. On s'en va direction le poste de sortie de Cilaos pour rendre mon dossard. Le responsable du pointage valide mon passage avant d'accepter mon abandon. 22h46, c'est fini. Je suis satisfait de cette décision, je sais qu'elle est sage. Il faut l'être parfois.
A charge de revanche ?

4 commentaires:

  1. De bien beaux résumés de vos courses les dalons! Je n'ai pas été présent sur la course mais sachez que je vous ai suivi les uns et les autres tout au long de ces trails, l'ordi à chauffé et j'ai dû approché mon records de clics, celui qui m'a valu mon seul trophée de l'année! Quelqu'ait été votre décision, je retiens pour ma part votre courage, enthousiasme, plaisir et j'espère partager cela avec vous l'année prochaine ces bonnes sensations et le plus tôt possible lors d'un nouvel entrainement ou d'une course... Bises à tous! Nou retrouv

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  2. Chapeaux les gars,
    J'ai des frissons quand je lis votre prose...On est en plein dedans. Vous êtes vraiment des champions du sentier ET de l'écriture.
    Au plaisir de vous croiser.
    Et aussi j'ai eu la chance d'accompagner un tout petit bout de chemin le grand Philippe V à Dos d'âne; il faut que je le dise il était en mode "c'est sympa par ici", sourire en pilotage automatique et conversation de café. Bon je n'ai pas pu le suivre trop longtemps car il allait trop vite pour moi même après 70km...(et là je pleure...)

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  3. Bravo les gars !
    hâte de te retrouver Brother pour essayer de suivre tes grandes enjambées sur le GRR 2012
    je reconnais ton "sourire automatique"
    ;-)

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  4. thanks bro ; waiting for you too

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